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Chasseurs de truffes

LES TRUFFES ET LA CULTURE POPULAIRE


Par Christine Gagnon


2020 – Film Documentaire – 1h24 min.

Écrit, Mis en scène, filmé et produit par: Michael Dweck & Gregory Kershaw

En version originale italienne, avec des sous-titres anglais.

Distribué par Sony Pictures Classics.

Site officiel:trufflehuntersmovie.com. .


Par un torride après-midi de canicule, je me suis réfugiée avec le président de l’Association canadienne des truffes, Mario Des Forges, dans une salle de cinéma pour voir le film Chasseur de truffes. Étant donné notre intérêt pour la truffe, nous étions curieux le voir.


Il n’est point besoin d’être un connaisseur pour apprécier Chasseurs de truffes. Lancé au Festival du film de Sundance en 2020, ce film dresse le portrait de quatre chasseurs de truffes originaires de la région du Piemont en Italie, et âgés entre soixante-dix et quatre-vingt-cinq ans, ainsi que de personnages périphériques typiques de ce que l’on connaît du marché de la truffe.

Les thèmes abordés incluent le contraste entre le prix payé au chasseur de truffe pour sa récolte et celui payé pour la truffe lorsque vendue à l’encan, ainsi que le mode de vie des chasseurs de truffes. Une scène durant laquelle un curé bénit un chasseur de truffe et son chien avant que ne commence la saison nous permet d’apprécier l’importance des traditions associées à cette activité ancestrale.


Les protagonistes campent chacun un archétype du chasseur de truffes. L’un est un propriétaire terrien ayant abandonné la chasse bien qu’il soit encore en état de continuer. Les entretiens avec ce dernier laissent suggérer qu’il ne trouve plus de plaisir à s’adonner à cette activité. Il parle du fait que les intermédiaires sont trop cupides, que les autres chasseurs semblent irrespectueux des traditions et des territ oires et que la concurrence entre les chasseurs rendait l’activité plus périlleuse que jamais. Les images du début du film suggèrent que certains chasseurs sont prêts à travailler dans des circonstances extrêmes pour trouver des truffes. Un deuxième est un braconnier, qui cherche des truffes sur les propriétés d’autrui. Il se désole que des propriétaires laissent du poison au sol et qu’il ait perdu deux de ses fidèles chiens truffiers qui en avaient consommé.


Les scènes impliquant le chasseur nommé Carlo et son épouse nous suggèrent que la truffe passe devant Madame dans le cœur de Carlo, et Madame doit constamment rappeler à l’ordre son mari, afin qu’il l’aide avec les corvées de la ferme plutôt que d’aller chercher des truffes. Carlo aime particulièrement chasser de nuit. Est-ce parce qu’il ne veut pas que l’on sache ou il chasse, ou est-ce aussi parce qu’il braconne sur les terrains d’autrui?


Les trois protagonistes actifs travaillent avec un ou plusieurs chiens truffiers et semblent complètement dépendants d’eux pour trouver des truffes sauvages. Le film s’attarde à nous montrer la relation parfois symbiotique entre le chasseur et son chien, mais nous en révèle peu sur la façon dont on entraîne un chien pour la recherche de truffes, quel type de chien devrait être utilisé, ou sur la façon d’identifier un lieu propice pour trouver des truffes. Comme le vieux chasseur qui refuse de partager son savoir avec la génération suivante, le film garde jalousement les détails techniques et ne révèle que ce qui sert le scénario.


Le film illustre également que les amateurs de truffes sont des passionnés. Une séquence nous montre le plaisir révérencieux que prend un négociant à savourer un simple œuf sur le plat généreusement garni de truffe râpée. Son silence et la lenteur avec laquelle il déguste chaque bouchée nous fait apprécier la saveur que doit avoir cet ingrédient unique.


J’ai particulièrement aimé une scène ou des femmes apprennent à décrire l’arôme d’une truffe en humant des truffes placées dans un verre à vin. Par ailleurs, cette même scène fait ressortir le fait que la chasse aux truffes est une affaire d’hommes, et que les femmes sont reléguées dans des rôles accessoires, comme celui de mettre une truffe en valeur au moment d’une vente à l’enchère.


La triste réalité du film est que la plupart des chasseurs de truffes s’adonnent à leur activité au détriment des propriétaires terriens; ces derniers ne reçoivent apparemment aucune compensation pour les intrusions sur leurs terres; les chasseurs ne reçoivent qu’une infime fraction du prix qu’une truffe va chercher sur le marché international, alors que les intermédiaires vivent grassement de leur commerce.


Comment les changements climatiques, l’étalement urbain, les pertes d’habitats, la mondialisation des marchés, ou la restriction d’accès aux forêts privées, affecteront-ils la viabilité des truffes sauvages dans le futur?


L’industrie de la truffe est vieille de plusieurs siècles, mais elle est inexorablement vouée à se métamorphoser si elle veut continuer d’exister. Là réside l’intérêt de Chasseurs de Truffes, qui immortalise à un point donné dans le temps la façon dont on cherchait la truffe sauvage en Italie, car ce mode de vie et cette façon de faire sont voués à disparaître, à moins qu’ils ne soient déjà révolus.




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